Les thermes romains : histoire et origine de la balnéothérapie

Les latins l’avaient bien compris, l’eau est source de vie : se laver, boire, se soigner, se relaxer… Pour la civilisation romaine, cet élément revêt une importance majeure dans le quotidien. Si les grecs sont les créateurs des bains, rendons à César ce qui appartient à César : ce sont les romains qui ont porté les thermes à leur apogée.    

DES RACINES GRECQUES

Le mot « thermes » vient du grec « thermos » qui signifie chaud. Les romains se sont donc bien inspirés du modèle des bains helléniques qu’ils ont ensuite revisité. Si les grecs utilisaient principalement les bains à basse température pour se laver après le sport, les latins préféraient la chaleur et la relaxation. A l’origine, les thermes étaient privés et réservés aux classes aisées. L’accès restreint à l’eau ne permettant pas à tout le monde de l’avoir chez soi, les établissements publics se sont développés. La création des premiers thermes remonte à 25 av. JC. C’est le proche collaborateur de l’empereur Auguste, Marcus Vispanius Agrippa qui ordonna leur construction et introduisit pour la première fois les thermes dans la capitale de l’empire.  

L’IMPORTANCE DE L’EAU DANS L’HYGIENE

Le bain était à la fois un moment de détente et une nécessité. L’eau tenait une place centrale de la vie romaine. Comme le disait le père de la médecine, Hippocrate « seule la Nature guérit les malades ». Les romains ont tout de suite intégré les grands principes de l’hygiène, ils avaient l’habitude de se laver quotidiennement. Après avoir travaillé le matin, les citoyens profitaient de l’après midi pour se rendre aux « thermae ».      

L’INNOVATION ARCHITECTURALE AU SERVICE DE L’EAU

Les édifices thermaux ont été réalisables grâce au génie des ingénieurs romains : acheminée via les aqueducs, l’eau venait se stocker dans de grandes cuves situées dans les sous sol des thermes. Celles-ci étaient alors chauffées au feu de bois pour créer de la vapeur. Cette chaudière souterraine (præfurnium) agissait de la même manière que nos chauffages au sol actuels. L’air ainsi chauffé circulait dans un système de plancher sous les piscines. La vapeur étaient évacuée en passant à travers les briques creuses des murs, les chauffant au passage, jusqu’à un trou d’évacuation dans le plafond (oculus). Pour maintenir les bains les plus chauds, les cuves étaient en métal et les esclaves des thermes disposaient au fond du charbon de bois brulant. Les baigneurs devaient alors porter des sandales de bois pour ne pas se bruler les pieds.    

PARCOURS DES BAIGNEURS

Le parcours des bains n’était pas imposé. Cependant la coutume voulait que l’on commence par suer en faisant du sport et en allant dans les pièces les plus chaudes. Les pores de la peau se trouvaient alors dilatés, ce qui permettait un nettoyage en profondeur. Le parcours se finissait par la salle froide pour raffermir le corps et les muscles. Les bâtiments étaient organisés selon ce modèle, en cinq espaces : -       Le vestiaire (apodyterium), une petite salle avec des bancs de pierre et creusée de niches dans lesquelles on pouvait déposer ses affaires. -       La salle de sport (palestre) où les romains faisaient de l’exercice afin de transpirer et faire s’évacuer la saleté du corps. Pour les non sportifs, une autre alternative était proposée : la salle de sudation à 60° (sudatorium). -       Après l’effort, le réconfort avec la salle des piscines chaudes (caldarium). Tout comme les grecs, les romains bénéficiaient de bains chauds dans lesquels ils raclaient la saleté sur leur corps à l’aide de strigile. En guise de savon, ils utilisaient des huiles. -       Un bain tiède (tepidarium) était ensuite proposé afin de préparer la transition entre le chaud et le froid. -       Enfin, la piscine froide (frigidarium) et son action raffermissante sur la peau clôturait le parcours. Nos latins pouvaient alors repartir propres, relaxés et en pleine forme. A cela pouvait s’ajouter le natatio (piscine pour la natation) ainsi que des services de massage et d’épilation.    

UN MOYEN DE CONQUERIR LE CŒUR DES CITOYENS

La construction de gigantesques édifices de bains ne traduisait pas uniquement des préoccupations d’ordre sanitaire.  Les riches citoyens finançaient ces projets de grande envergure dans le but de s’attirer les faveurs de la population. Ainsi, les classes aisées redoraient leur image sous couvert de favoriser le bien être général. Les thermes étaient alors mis à disposition du public gratuitement ou pour quelques sesterces. Une obligation morale pour les romains fortunés qui se devaient de se montrer généreux. Symboles de prestige, les empereurs faisaient souvent construire des thermes somptueux afin d’assoir leur popularité et le rayonnement de leur cité. Financés par l’argent public, les thermes étaient richement décorés, avec des murs recouverts de mosaïques et des statues. LIEU DE LA VIE SOCIALE  Carrefour de la vie sociale, les thermae n’étaient pas uniquement réservés aux bains. Ils sont aujourd’hui considérés comme les premiers lieux dédiés aux loisirs. Dans ces véritables complexes de détente, la population pouvait pratiquer toutes sortes d’activités : discuter entre amis, faire du sport, flâner dans les boutiques, se restaurer, se cultiver à la bibliothèque et même parler affaire ! Les bains alternaient activités physiques et intellectuelles dans une atmosphère de relaxation. Le poète Juvénal a d’ailleurs très bien résumé l’esprit de ces lieux dans une phrase devenue célèbre : « mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain). Les thermes n’étaient pas mixtes : la séparation s’opérait par le biais d’horaires ou de salles distincts. Le matin était dédié aux femmes accompagnées des enfants. Quant à la gente masculine, elle s’y rendait en début d’après midi et parfois même en début de soirée. Ouverts à tous sans distinction de classe sociale, les thermes étaient le lieu d’un joyeux mélange de toutes les strates de la société romaine.
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Les thermae finissent par disparaitre au IVème siècle après J.C. avec la chute de l’empire romain. Cependant la culture latine de l’eau rayonne encore fortement en Occident. Nombre de complexes balnéaires actuels s’inspirent des pratiques romaines. Nos saunas prennent des airs de sudatorium et les piscines chauffées ne sont pas sans rappeler le caldarium…

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