
Des innovations thermales majeures Au-delà d’une avancée dans le domaine de l’hygiène, les bains hellénistes ont également été l’occasion de prouesses architecturales et techniques. Les bâtiments semblent avoir tous été construits sur un modèle similaire : une grande salle appelée « tholos » dans laquelle étaient disposées en rond une vingtaine de cuves individuelles, les « pyelos ». Dans ces sortes de grands sièges, la toilette était individuelle et se faisait en position assise. Les baigneurs n’étaient cependant pas coupés les uns des autres et pouvaient discuter. A cela s’ajoutait parfois de petits bassins, les « loutérions », et des salles dédiées aux bains avec des baignoires dites de délassement. A l’image des complexes balnéaires actuels, il y avait déjà des vestiaires et des salles d’attente. Avec les bains, se pose la question du chauffage. Les vestiges découverts se font les témoins de l’ingéniosité grecque : des conduits souterrains servaient à maintenir l’eau à la bonne température et chauffer les salles. Ainsi on retrouve des systèmes de tuyaux non seulement dans le sol mais aussi dans les murs.

Un lieu de rencontre et d’échange Les bains n’étaient pas seulement un espace de détente, c’était aussi un lieu de rencontre. Au fil du temps les balanéïons se sont élevés au rang de pratique sociale à part entière avec ses codes. On sait par exemple que les hommes et les femmes n’étaient pas nécessairement séparés. Pour les structures les plus importantes, des salles distinctes étaient construites. Dans le cas contraire, la séparation pouvait s’opérer par des horaires distincts dédiés aux deux sexes. Cependant les archéologues s’accordent à dire que les édifices ont pu être mixtes. Véritables lieux de vie, des documents retrouvés en Egypte font état de situations cocasses. Si la plupart du temps l’ambiance était à la convivialité, il arrivait que des incidents éclatent : querelles, vols, voire même bagarres. A l’image de la place publique, les bains étaient un lieu important de la vie sociale. Toutes les strates de la société s’y rencontraient et s’y côtoyaient. Une pratique qui séduit Le modèle helléniste s’étend avec les conquêtes d’Alexandre le Grand. Le roi fait découvrir les bains aux contrées conquises et favorise leur expansion. On voit alors apparaitre trois grandes tendances d’évolution : - En Occident et principalement en Sicile, les systèmes de chauffage de l’eau se développent beaucoup avec la construction de grands bassins à l’image de nos piscines chauffées actuelles. - En Grèce le modèle évolue lui aussi mais différemment. Là où les bains rassemblaient les citoyens, la pratique individuelle devient prédominante avec la mise en place d’espaces fermés. - L’engouement pour les bains traverse la Méditerranée et les égyptiens les adoptent rapidement. On retrouve de nombreux vestiges notamment à Karnak qui témoignent de l’influence grecque. Ainsi il n’est pas étonnant de voir que les égyptiens se mettent eux aussi progressivement à préférer les bains individuels. De manière générale, on assiste avec les balanéïons à une amélioration des conditions d’hygiène des populations. Le bain devient un rituel social et de détente. Les exigences sanitaires passent alors au second plan au profit de la recherche du bien être. La transition vers les thermes romains est amorcée. Crédit photos : S. K. Lucore et CNRS CFEETK